Les tendons sont formés de milliers de fibres de collagène disposées dans un sens bien précis et stabilisées entre elles par des molécules de pontage. Les problèmes de tendinite sont très courant chez les chevaux L’ensemble des fibres d’un tendon est entouré d’une fine membrane fibreuse : le péri-tendon. Les tendons des membres se divisent en deux grands groupes : les extenseurs avec principalement le tendon extenseur dorsal et le tendon extenseur latéral du doigt, les fléchisseurs qui se divisent en tendon fléchisseur superficiel et en tendon fléchisseur profond du doigt. Comme l’indique leur nom, les fléchisseurs servent à fléchir l’extrémité digitale des membres (boulet, paturon, pied) ainsi que le carpe aux membres antérieurs. Les extenseurs ont une action opposée aux fléchisseurs, permettant l’extension de l’extrémité digitale mais aussi la flexion du tarse
Cinq à six centimètres au-dessus du boulet, les tendons fléchisseurs sont entourés d’une gaine synoviale. Cette structure est similaire à une capsule articulaire dans le sens où sa couche interne sécrète un liquide synovial qui lubrifie les tendons et favorise le glissement sur les os sésamoïdes en arrière du boulet.
Il faut également mentionner trois structures ligamentaires souvent à l’origine de boiterie chez le cheval. Ce sont le ligament suspenseur du boulet (muscle interosseux III) et les ligaments accessoires du tendon fléchisseur superficiel (bride radiale) et du fléchisseur profond (bride carpienne). Le ligament suspenseur a pour rôle de supporter le boulet en mimant une sorte de courroie en arrière de cette articulation. Les ligaments accessoires des fléchisseurs ont pour rôle de prévenir l’étirement excessif de leurs tendons respectifs. Il faut noter l’absence de ligament accessoire du fléchisseur superficiel aux membres postérieurs.
La tendinite chez le cheval
La tendinite et la desmite sont respectivement une inflammation d’un tendon et une inflammation d’un ligament. Il existe des tendinites aiguës, apparues dans les heures ou les jours précédents et des tendinites chroniques, c’est-à-dire présentes depuis quelques semaines ou même quelques années. La tendinite du fléchisseur superficiel des membres thoraciques est l’affection la plus fréquente de ce groupe. Typiquement, elle est responsable d’une boiterie légère à modérée et s’observe comme une tuméfaction en forme de “banane” localisée dans la région palmaire et moyenne du canon, à l’endroit le plus étroit du tendon. Dans la forme aiguë de la tendinite, douleur et chaleur sont décelées à la palpation. Ces signes disparaîtront après guérison, mais il persistera souvent une tuméfaction. Dans la forme chronique, une sensation de dureté du tendon sera palpée. La tendinite du fléchisseur superficiel est habituellement consécutive à une hyper-extension excessive de l’extrémité distale du membre (la région palmaire du boulet touche presque le sol) telle qu’observée lors d’un exercice important (galop, saut). Cette hyper-extension engendre une rupture d’une ou de plusieurs fibres entraînant des hémorragies et une accumulation de liquide dans le tendon. Ceci est objectivé à l’examen échographique par la présence de zones noires (anéchogènes) dans le tendon. Il existe des causes prédisposant à l’hyperextension digitale comme une mauvaise préparation physique responsable de fatigue musculaire, un mauvais terrain de travail (irrégulier, glissant), ou encore une mauvaise conformation des membres (axe du pied moins incliné que l’axe du paturon).
Dans la majorité des tendinites, il y a rupture de fibres. La cicatrisation se fait alors par remplacement des fibres de collagène déchirées par de nouvelles fibres. Cela s’opère lentement et la cicatrice sera toujours moins solide qu’un tendon normal, exposant les animaux affectés aux récidives de tendinite.
Son traitement, qu’il soit médical ou chirurgical, doit tenir compte de cette longue convalescence. Il doit inclure dans tous les cas du repos avec un exercice marché quotidien pour une période pouvant s’étaler entre une et douze semaines, en fonction de l’importance des lésions. La reprise d’un travail complet peut être repoussée jusqu’à huit à dix mois après l’apparition des symptômes. Dans les premiers jours de la phase aiguë, le traitement s’efforcera de s’opposer à l’inflammation. Cela se résume par l’utilisation de glace ou d’eau froide apposée directement sur le tendon, par l’utilisation d’anti-inflammatoires non-stéroïdiens et de bandage pour s’opposer au développement d’un oedème.
Dans certains cas, le vétérinaire aura recours à des traitements injectés au contact des lésions tendineuses ou à des techniques chirurgicales telle que la ténotomie longitudinale. Celle-ci consiste à insérer un ténotome dans les zones d’hypothyroïdies majeures sur un cheval debout tranquillisé, avec une anesthésie locale et sous visualisation échographique. L’hématome et l’œdème présents dans ces lésions hypothyroïdiennes sont ainsi éliminés, ce qui facilite la revascularisation et la guérison du tendon. Dans certains cas, on fera appel à la desmotomie ou à la section de la bride radiale. Cette technique permet d’impliquer plus le muscle fléchisseur superficiel et l’unité tendineuse proximale de la bride radiale à l’appareil de support du membre de façon à regagner l’élasticité perdue lors de la cicatrisation de la tendinite.
Lacération et rupture tendineuse chez le cheval
Une blessure en face dorsale des membres (souvent en dessous du jarret) peut lacérer partiellement ou totalement les tendons extenseurs. Avec ce type de lacération, le cheval a tendance à envoyer le boulet vers l’avant au moment où le membre lésé touche le sol. En revanche, cela n’empêche pas l’animal de porter du poids sur son membre. Le traitement consiste en des soins réguliers de la plaie et parfois en l’application d’une ferrure orthopédique ou d’un bandage de contention pour faciliter le déplacement du membre. Le pronostic est habituellement bon si seuls les tendons extenseurs sont touchés.
La lacération des fléchisseurs s’observe le plus souvent dans la région palmaire ou la région plantaire du paturon et elle est due à des plaques de tôles ou à du verre. Dans tous les cas, il faut appeler le vétérinaire en urgence pour prodiguer les premiers soins, d’autant plus que les gaines synoviales qui entourent les fléchisseurs peuvent également être affectées, ce qui nécessite une thérapeutique agressive et appropriée à ces structures. Le chirurgien essayera de suturer les tendons lésés sous anesthésie générale, mais cela n’est pas toujours possible et dépend de l’importance des dégâts. La chirurgie n’est d’aucune utilité si une immobilisation, un traitement antibiotique et anti-inflammatoire adéquat ne sont pas institués parallèlement. Le pronostic pour la compétition et même la vie est souvent réservé quand les lacérations impliquent les fléchisseurs.
Téno-synovite chez le cheval
La téno-synovite est l’inflammation d’une gaine synoviale tendineuse. Elle s’observe par une tuméfaction et une distension de la gaine impliquée qui se remplit de liquide synovial. Cette affection touche le plus souvent la gaine synoviale digitale des fléchisseurs située en arrière du boulet. Elle peut être aiguë (apparition dans les heures ou les jours précédents) ou chronique (présente depuis quelques semaines ou quelques années), primaire ou secondaire. Dans le cas d’une téno-synovite primaire, il y a apparition d’une inflammation consécutive à un étirement anormal de la gaine elle-même, comme lors d’hyperextension du boulet ou lors de torsion et d’étirement de la partie distale du membre quand celui-ci est par exemple pris dans un trou. Dans d’autres cas, la téno-synovite est secondaire à une tendinite de l’un ou des deux fléchisseurs du doigt ou à un épaississement du ligament annulaire du boulet qui provoque, par constriction, une accumulation proximale du fluide synovial.
Dans le cas ou la téno-synovite aiguë n’est pas traitée, la membrane synoviale va s’étirer et la cavité se remplir de liquide de façon irréversible, sans signe clinique évident sauf esthétique. On parle de téno-synovite chronique. Celle-ci peu par contre être due également à une persistance ou à une mauvaise cicatrisation du problème primaire. Dans certains cas, il se développe des adhérences fibreuses dans la gaine, ce qui assombrit un pronostic qui est habituellement bon pour le sport si le problème est traité à temps. Le traitement conseillé est semblable à celui recommandé pour les tendinites, on aura également recours à des injections de médicaments tels que des anti-inflammatoires stéroïdiens ou de l’acide hyaluronique dans la gaine synoviale. Dans certains cas, on fera la desmotomie du ligament annulaire du boulet, c’est-à-dire que l’on coupera ce ligament sur toute sa longueur, dans le but de libérer l’éventuelle constriction. Il faut noter enfin, le cas particulier de la téno-synovite septique discuté dans le paragraphe sur l’arthrite septique.
Pour en savoir plus : Les tendinites chez le cheval