La pratique de l’équitation n’est pas l’apanage des gens valides. Nous en voulons pour preuve les nombreuses équipes participant aux Jeux paralympiques et tous ceux qui, par passion, continuent à monter à cheval malgré leur handicap. A côté de l’équitation sportive et de loisir, il y a aussi la thérapie. Le terme de réhabilitation par l’équitation (R.P.E.) englobe toutes les mesures thérapeutiques, rééducatives et de loisir utilisant l’effet bénéfique de la mise à cheval et ayant pour but d’assurer une influence pédagogique sur des sujets atteints de handicaps physiques, mentaux ou sociaux.
Les premiers centres équestres pour personnes handicapées
On trouve l’origine de la rééducation avec le cheval à travers l’histoire de Lise Hartel, championne danoise de dressage. Atteinte de poliomyélite en 1943, elle ne se déplace qu’en fauteuil roulant et décide de se remettre à cheval avec l’aide d’Elizabeth Bodiker, sa kinésithérapeute et amie.
Après neuf ans de rééducation, elle marche avec des cannes anglaises et remporte une médaille d’argent aux Jeux olympiques d’Helsinki… Par la suite, Mme Bodiker décide de faire monter à cheval des jeunes handicapés de sa clinique.
En France, les premières utilisations du cheval en rééducation sont étudiées en 1962 avec des personnes atteintes de handicaps physiques lourds, de handicaps sensoriels et mentaux. En 1970 se crée l’Association nationale de rééducation par l’équitation, qui deviendra la Fédération nationale Handi-Cheval. Elle s’occupe de développer les activités équestres à des fins thérapeutiques, rééducatives, professionnelles mais aussi sportives et de loisirs pour les personnes handicapées ou en difficulté d’adaptation. Toute activité équestre, si elle est adaptée au cavalier, pourra être pratiquée dans un centre équestre : attelage, voltige, jeux, équitation…
Différents types de prise en charge des personnes handicapées à cheval
En rééducation fonctionnelle, on utilise le mouvement du cheval, importante source de dynamisation physique. Il met en jeu des réflexes posturaux et mobilise des groupes musculaires rarement sollicités par ailleurs.
En rééducation psychomotrice, le balancement rythmé et cadencé, la chaleur qui décontracte, la relation privilégiée avec le cheval sont autant de facilitateurs et de renforçateurs dans la rééducation de déficits sensoriels, du schéma corporel et du langage au travers du travail de l’équilibre, de la latéralité, de l’espace et du temps sans oublier la composante relationnelle.
Au niveau mental, il s’avère que “Le cheval est un puissant révélateur des phénomènes psychiques, ceux- ci s’actualisant à partir du vécu corporel et imaginaire de celui qui le chevauche.” (M. Jollinier, 1995, Cheval, inadaptations et handicaps – Maloine, Paris).
Il est médiateur de communication. Par son comportement, il peut retransmettre les émotions qu’il perçoit chez le cavalier, apaiser les tensions par le balancement de son pas, la chaleur de son corps. Le cheval joue un rôle important auprès de personnes handicapées par la maladie mentale mais aussi par des difficultés psychosociales.
Le matériel de cheval adapté pour les personnes handicapées
Il s’agit parfois davantage d’adapter le matériel existant que de matériel spécifiquement adapté, ce qui peut être mieux accepté par les personnes en difficulté. Ce matériel va de la brouette à deux roues mobiles de l’avant, en passant par les rênes à poignées, à boules ou à pont, les étriers de sécurité, la sur-selle avec taquets et bourrelets amovibles, une embouchure en caoutchouc… Cette liste est non exhaustive et se complète de “systèmes D” que nous créons en fonction des besoins.
L’équitation pratiquée par des cavaliers handicapés physiques fait de plus en plus d’adeptes. Chaque personne handicapée a sa particularité physique et psychologique, il est donc très difficile de comparer ou de généraliser sur ce vaste sujet ! Cependant, la sollicitation corporelle qu’elle implique en terme d’entraînement physique ou kinésithérapique nous enseigne tous les bénéfices qui en découlent, sans négliger l’importance de l’impact relationnel et émotionnel qu’elle induit. Devenue discipline paralympique à Atlanta en 1996, présente à Sydney en 2000, l’équitation sportive rentre allègrement dans le IIIe millénaire au niveau national et international. Il est particulièrement intéressant d’observer la manière dont les cavaliers de haut niveau compensent leur handicap : une rigueur évidente doublée d’un tact extraordinaire leur permet d’évoluer comme des cavaliers valides. Pratiquant une équitation “sans jambes”, l’objectif mental et physique de la gestuelle, son acquisition et son exploitation étayées par des techniques respiratoires, me permettent sur des faiblesses conséquentes, la construction d’une endurance musculaire et d’un autocontrôlé fonctionnel de la biomécanique rachidienne. Ceci au prix, évidemment, d’un réel effort.
C’est l’ultime vérification – par le handicap – de l’efficacité de la “belle position”, concept gestuel de nos anciens maîtres.
On peut compenser un certain nombre de lacunes physiques, au-delà des adaptations spécifiques de la sellerie, grâce à une observation des divers équilibres équestres et une bonne connaissance de la locomotion du cheval. Il n’y a donc pas d’équitation spéciale pour handicapés mais une seule équitation, celle qui s’écrit avec un grand E.
Pour en savoir plus : handicap et cheval à la FFE