D’où viennent les pur-sang anglais ? Depuis l’Antiquité, divers groupes humains ont essayé de sélectionner les qualités qu’ils voulaient chez les chevaux. Du Tarpan, l’un des équidés qui peuplaient l’Orient, est née la première et la plus importante de toutes les races de chevaux : le pur-sang arabe, une monture caractérisée par la frugalité, l’endurance, la vitesse et une beauté fascinante. En Afrique du Nord, à partir de chevaux locaux qui ont réussi à survivre aux dernières périodes glaciaires, le cheval de Barbarie a été créé, un cheval qui, comme l’Arabe, a influencé la formation de nombreuses races équines existant aujourd’hui. L’un des premiers à avoir été influencé par la Barbarie est peut-être le cheval espagnol, qui descend du croisement de chevaux nord-africains avec les juments locales de la péninsule ibérique.
La fascination pour les chevaux a également atteint l’Angleterre, dont les rois, à partir du XVIe siècle, ont commencé à sélectionner des chevaux de grande vitesse pour participer aux courses. Pour ce faire, ils ajoutaient au sang de leurs juments locales le sang de femelles d’autres races, comme la barbarie ou l’espagnole.
Après deux siècles d’expérimentation avec l’écurie locale, les éleveurs britanniques se sont tournés vers les chevaux que les voyageurs anglais avaient rencontrés lors de leurs voyages en Orient à la fin du XVIIe et au début du XVIIIe siècle, à savoir les chevaux arabes rapides et rustiques. Trois sont les étalons qui ont donné naissance à l’ensemble de l’élevage du futur pur-sang anglais : Byerley Turk, dont est issue la branche du légendaire Eclipse ; Darley Arabian, qui fut le père du premier grand cheval de course, Flying Childers, et Godolphin Arabian, ancêtre du célèbre Matchem… et d’Eclipse.
L’ÉCLIPSE, L’INVINCIBLE
Dans un firmament rempli d’étoiles, le plus réfulsif est peut-être Eclipse, un cheval qui est né au printemps 1764 dans l’écurie du duc de Cumberland, lors d’une éclipse solaire, d’où son nom. C’était un fils de Spiletta et – selon le General Stud Book – de Marske, bien qu’on ne sache pas vraiment quel cheval était son père car, par inadvertance, la jument était également saillie par l’étalon Shakespeare. À la mort de son éleveur, son nouveau propriétaire, William Wildman, a eu des problèmes avec l’indomptable poulain. Ainsi, après avoir vendu la moitié du cheval au colonel O’Kelly, ce dernier a confié son entraînement à un entraîneur irlandais réputé, Sullivan, qui a réussi à en faire un gagnant, invincible dans la course. Le champion, finalement propriété exclusive de O’Kelly, a fini par être transfiguré en une légende vivante qui laissera d’innombrables champions dans son sillage.
ECLIPSE ÉTAIT UN FILS DE LA JUMENT SPILETTA ET DE L’ÉTALON MARSKE, BIEN QUE SA PATERNITÉ SOIT CONTESTÉE CAR, PAR INADVERTANCE, LA FEMELLE ÉTAIT ÉGALEMENT MONTÉE PAR SHAKESPEARE.
Curieusement, un cheval aussi rapide a failli faire fermer l’hippodrome, car personne ne pariait sur ses rivaux. Certains ont même pensé à finir avec ce projectile en châtaigne qui, selon les données de l’époque, pouvait atteindre 90 kilomètres à l’heure. Il semble que la haute performance de cet athlète équin reposait sur un grand cœur et des poumons vigoureux. Après avoir gagné toutes les courses auxquelles il a participé, et accablé par les menaces, son propriétaire l’a consacré au travail de haras, multipliant ainsi les profits que le destrier lui avait procurés.
Parmi ses nombreux descendants, il y a eu plus de trois cents descendants, qui sont connus pour avoir gagné certaines des courses auxquelles ils ont participé. En plus de sa puissance présomptueuse et de sa vitesse légendaire, Eclipse a su transmettre à ses nombreux descendants son fort tempérament, hérité de son arrière-grand-père maternel, Godolphin Arabian, qui, comme le mont Bucephalus d’Alexandre le Grand, ne sera monté que par son cavalier adoré, un jeune Arabe nommé Agba.
Aujourd’hui, les pur-sang anglais, descendants du plus célèbre de tous les chevaux de course, sont la race la plus recherchée au monde, tout en étant capables de supporter des poids élevés sur de longues distances. Ils sont entourés d’une industrie florissante, soutenue à la fois par l’élevage et par la concurrence. Possédant une grande énergie physique et mentale, beaucoup pensent que certains chevaux peuvent montrer un caractère nerveux et difficile, ce qui les rend appropriés uniquement pour des cavaliers très spécialisés.
UN CHEVAL LÉGENDAIRE
Eclipse est né en 1764 dans l’écurie du Duc de Cumberland. Après avoir apprivoisé le caractère indomptable du poulain, le colonel O’Kelly en a fait un vainqueur invincible dans la course. Il a gagné toutes les courses auxquelles il a participé et a été retiré par son propriétaire pour devenir étalon. Sur la photo, la peinture à l’huile de George Stubbs montre Eclipse avec William Wildman, qui a acquis le cheval auprès de la famille du Duc de Cumberland, et ses deux fils.
