La vie nécessite une consommation permanente d’énergie à laquelle tout être vivant doit faire face pour assurer le fonctionnement de ses organes et l’intégrité de ses structures corporelles. Ainsi, les animaux ingèrent divers types d’aliments qui doivent être transformés en nutriments, c’est-à-dire réduits en “briques élémentaires” directement utilisables par l’organisme. La digestion est l’ensemble des actes mécaniques, sécrétoires et chimiques qui permettent cette transformation. Tout cavalier et propriétaire qui se respecte se doit de connaitre le fonctionnement du processus de digestion chez le cheval.
La partie proximale du tube digestif du cheval
Chez le cheval, l’ingestion des liquides s’effectue par pompage avec intervention des joues et de la langue, qui provoquent une dépression dans la cavité buccale. La préhension et le tri des aliments sont réalisés par la lèvre supérieure, très sensible et mobile. Les végétaux sont sectionnés par les incisives coupantes, puis broyés par les molaires écrasantes. Comme chez tous les herbivores, la mastication est longue et énergique, afin de permettre la réduction d’aliments grossiers, riches en substances peu digestibles. Pour ingérer 1 kg de foin, un cheval donne environ 3 000 coups de mâchoire en 40 minutes ! Les dents sont bien adaptées à cette tâche puisque leur croissance se prolonge tout au long de la vie de l’animal. Si leur usure est insuffisante ou partielle, lorsque le cheval ne consomme pas assez d’aliments grossiers, des pointes d’émail acérées appelées “surdents” se forment sur les bords des molaires et peuvent blesser la langue et la face interne des joues. La douleur empêche alors le cheval de s’alimenter et de mastiquer normalement. La phytothérapie peut être utile afin de faciliter le travail de digestion.
Pendant la mastication, les glandes salivaires produisent une grande quantité de salive (5 à 8 1 par heure) qui permet l’hydratation des aliments (formation du “bol alimentaire”) et facilite leur déglutition. Du fait du grand développement du voile du palais, qui divise le pharynx en une voie respiratoire et une voie digestive, il faut présenter des fourrages adaptés aux possibilités de mastication de l’animal, car la déglutition n’est possible qu’avec des bols alimentaires finement broyés.
L’œsophage est un tube long et étroit chez le cheval, ce qui le prédispose à des obstructions accidentelles. Après sa déglutition, le bol alimentaire est conduit jusqu’à l’estomac. Du fait de sa faible contenance et de sa relative incapacité à se dilater, il se “vidange” plusieurs fois au cours d’un repas. Son fonctionnement est régulier et reste le même, que l’animal soit à jeun ou nourri à volonté. Il est organisé en périodes de 2 heures dont les 4/5 correspondent à une puissante activité contractile qui permet le malaxage du bol alimentaire, son imprégnation par les sécrétions gastriques et sa transformation en une sorte de soupe épaisse (le chyme) qui correspond à un début de transformation chimique des composés. Une faible partie du contenu gastrique est expulsée au travers du pylore lors de chaque contraction de la partie distale de l’estomac. Elle parvient ainsi dans la partie moyenne du tube digestif.
La partie moyenne du tube digestif du cheval
Elle est formée par l’intestin grêle, où les sécrétions des glandes annexes sont déversées et favorisent la poursuite de la transformation chimique des particules alimentaires. Ces sécrétions sont alcalines et permettent la neutralisation de l’acidité du chyme gastrique. Les conditions sont alors optimales pour l’activité des enzymes du suc pancréatique (protéases, lipase, amylases), qui est surtout sécrété au moment des repas. Du fait de l’absence de vésicule biliaire chez le cheval, la bile n’est pas stockée, mais déversée de façon continue. Elle permet la dispersion des graisses en très fines gouttelettes qui peuvent alors être “attaquées” par la lipase pancréatique. Les protéines, les graisses et les sucres solubles sont bien digérés par l’intestin grêle du cheval. Les sucres insolubles “piégés” dans les parois des fragments végétaux n’y subissent pratiquement aucune transformation.
Après leur apparition dans la lumière intestinale, les nutriments qui résultent du “démontage enzymatique” des particules alimentaires sont absorbés par les cellules de la muqueuse, puis libérés dans le sang et la lymphe pour être distribués à tout l’organisme. Comme l’estomac, l’intestin grêle présente un fonctionnement cyclique organisé en périodes de 2 heures (que l’animal soit nourri ou pas) dont les 4/5 correspondent à des activités contractiles successives de deux types : des contractions propagées sur plusieurs dizaines de centimètres qui assurent la progression du chyme intestinal vers l’aval et des contractions localisées qui isolent une partie du contenu intestinal et en assurent le brassage. Au niveau du duodénum, ces contractions localisées apparaissent alors que l’estomac est au repos et sont responsables du reflux d’une partie du contenu duodénal au travers du pylore vers la cavité gastrique. Ce reflux périodique explique les larges variations de pH gastrique (de 1,5 à 7,5) qui peuvent être décelées chez les équidés. Le transit des aliments est très rapide (2 à 6 heures) dans l’intestin grêle relativement court du cheval. La distribution de repas importants, surtout lorsqu’ils sont riches en concentrés, accroît cette tendance.
La partie distale du tube digestif du cheval
Les éléments non digérés dans l’intestin grêle parviennent ensuite dans la partie distale du tube digestif ou “gros intestin”. Elle est constituée par une suite d’énormes “poches” : le cæcum, le côlon et le rectum. On estime le volume total du gros intestin à 140 1 chez le cheval, 70 1 chez l’âne et 30 1 chez le poney. Cæcum et côlon sont considérablement développés chez les équidés. Ce grand volume couplé à une température élevée (40 °C environ), ainsi qu’à la présence de très nombreux micro-organismes leur permet de jouer le rôle de véritables cuves à fermentation. La plupart des sucres insolubles contenus dans les parois des particules végétales subissent une attaque microbienne dans ces compartiments et sont ainsi transformés en nutriments directement assimilables par l’organisme. Ces phénomènes sont facilités par le très net ralentissement subi par le contenu intestinal dans le cæcum et le côlon (temps de séjour de 16 à 56 heures suivant le régime alimentaire).
Le cæcum a une contenance de 30 à 40 1. Dès qu’il est distendu sous l’effet de la vidange de l’intestin grêle, ses parois développent une activité contractile localisée (2 à 5 phases de 3 à 6 minutes par heure) qui permet le brassage du contenu cæcal (c’est le “système d’agitation” du fermenteur) et une activité contractile propagée (environ 30 fois par heure) qui assure la progression du contenu cæcal vers le côlon. Les particules solides séjournent en moyenne 4 à 8 heures dans le cæcum. À leur sortie, ces éléments pénètrent dans le côlon qui comprend deux parties : le gros côlon et le petit côlon.
Le gros côlon est un réservoir bosselé allongé d’une capacité de 80 à 130 1. Les particules alimentaires y cheminent grâce à l’existence d’une activité contractile propagée qui les dirige vers le petit côlon, mais subissent également, au niveau de certaines zones, un ralentissement considérable dû à une activité contractile propagée de sens opposé à la précédente (activité rétrograde). Cette activité particulière permet le maintien pendant des durées très longues des particules solides dans le gros côlon (12 à 48 heures selon le régime alimentaire) qui permet aux micro-organismes de disposer d’un temps suffisant pour les digérer efficacement. Le petit côlon prolonge le gros côlon en direction du rectum. Il est le siège d’une importante activité contractile localisée qui ralentit la progression des matières et facilite une réabsorption importante d’eau. Cette déshydratation du contenu facilite la fragmentation des matières fécales et le moulage des crottins qui sont stockés dans le rectum puis éliminés à la faveur de la défécation. Elle correspond à une contraction propagée des parois du rectum avec relâchement du sphincter anal. L’émission des fèces est fréquente chez les herbivores (10 à 24 fois par 24 heures).
Si la compréhension de l’appareil digestif permet de mieux envisager la question de l’alimentation, il est toujours important de considérer l’activité du cheval. Les besoins d’un cheval de loisir seront différents des besoins en aliments du cheval de compétition. Pour offrir une alimentation équilibrée à votre cheval et répondre au mieux à ses besoins nutritionnels, découvrez les produits de la marque Royal Horse !
Pour en savoir plus : digestion du cheval