Les courses d’endurance sont des épreuves de grand fond courues à vitesse libre et en opposition directe. Après un départ en groupe, le 1er qui passe la ligne d’arrivée a gagné, si les contrôles vétérinaires ne le déclassent pas. Pour accéder au niveau des courses à vitesse libre (un grand championnat sur 160 km se gagne à 20 km/h, soit huit heures à cheval et deux heures d’arrêt aux contrôles; environ dix heures de course au total), il existe une série de paliers à vitesse limitée et à distance croissante que l’on doit franchir avec succès.
L’origine des courses d’endurance à cheval
Il existe une très ancienne tradition de raids équestres, la plupart du temps militaire. En fait, la première fois qu’une véritable épreuve sportive eut lieu, d’une traite et dépouillée des contraintes réglementaires (paquetage, ordre de marche, etc*), ce fut en 1903 entre Bruxelles et Ostende, sur 130 km* . D’autres épreuves furent organisées, mais les militaires finirent par s’en désintéresser et elles disparurent peu à peu* La renaissance se fit ensuite en Autriche-Hongrie et en Espagne* Elles réapparurent en France, à la fin des années 70.
Qu’est-ce que les courses d’endurance à cheval ?
Elles présentent deux particularités uniques.
– Les contrôles vétérinaires: tous les 30 à 40 km, les chevaux sont arrêtés pour un temps neutralisé et ne repartent qu’après un examen satisfaisant de leur santé et de leurs allures.
– La compétition directe : c’est le seul sport équestre de haut niveau qui se passe en compétition directe (130 chevaux pour un départ en groupe, c’est un spectacle…).
Schématiquement, en France, les années 70 furent aventures et découvertes. Les pionniers de cette époque, après des expériences douloureuses quant à la santé des chevaux, commencèrent à s’organiser et à copier des préceptes américains, en particulier, en allant à la fameuse Tevis Cup.
De 1980 à 1990, le nombre de pratiquants augmenta considérablement. De quelques dizaines, on passa à plusieurs centaines de cavaliers. Cependant, les écoles et les chapelles étaient nombreuses et, par conséquent, la discipline sans codes et très disparate, mais l’endurance commençait à devenir un sport, malgré ces incertitudes. De 1990 à 2000, elle acquit un statut de haut niveau et un style, un savoir-faire. À l’heure actuelle, plusieurs milliers de cavaliers concourent et l’endurance est devenue la 2e pratique équestre derrière le saut d’obstacle (en France et dans le monde). Les années 2000 seront celles de l’accession au niveau professionnel, l’engouement international étant certain, et le prix des chevaux de bon niveau sera multiplié par 10 en quelques années.
Il existe aujourd’hui 2 écoles: l’américaine, qui a dominé outrageusement jusqu’à une période récente et maintenant l’école française, qui semble prendre le dessus. Dans les 2 écoles, la préoccupation est d’atteindre le relâchement du geste du cheval et le liant du cavalier.
Les Américains diffèrent des Français par les protocoles de mise en condition et par cet attachement qui leur est propre aux gadgets. Les Français travaillent beaucoup plus en cartésiens.
La compétition est ouverte.
Pour tous, le rêve et le plaisir sont uniques et communs: chevaucher sur des distances immenses, sauvages avec un compagnon qu’on a “bichonné” et avec qui on fusionne. Pouvoir en plus ajouter le piment de la compétition, ce doit être la recette du succès.
L’endurance, une pratique exigeante pour le cheval et le cavalier
C’est 100 chevaux au départ de Florae, la nuit à 2 heures du matin, dans une sombre vallée des Cévennes.
C’est au mont Aigoual, au lever du jour, sur la crête, la gifle d’un vent furieux, un brouillard de fin du monde ou bien, tout d’un coup, la révélation des couleurs et des perspectives et la chaleur qui monte.
Ce sont les visages pétris d’inquiétudes de tous ces suiveurs qui, dans des routes perdues, cherchent à croiser les pistes pour faire de l’assistance de course, fantastique et dérisoire ballet de voitures venues de partout, tout d’un coup, dans ces déserts de pierre des Causses ou ces sombres forêts de l’est vosgien.
Ce sont les contrôles vétérinaires, véritables condensés de la comédie humaine avec des chevaux, des officiels, des propriétaires, des assistants et des cavaliers, tous mêlés, rassemblés dans une improbable réunion qui s’installe en un lieu, véritable kermesse pour deux ou trois heures.
Et, tout d’un coup, la course repart et, sur cette place de village ou ce champ perdu, le vide; la grande quête des suiveurs a repris, les vétérinaires sont partis plus loin pour d’autres punitions, comme un vol de moineaux.
L’endurance, c’est ce voyage au bout de la fatigue où les seuls que l’on oblige à se préserver sont les chevaux; ce sont ces arrivées de grands raids, pathétiques ou glorieuses ; c’est le vainqueur et le vaincu, tout simplement heureux de se retrouver après tout ce temps à se chercher, se perdre, s’allier ou se traquer dans des chemins, des drailles et des pistes sans fin.
Comme la course au large ou la haute montagne, c’est une des dernières aventures sportives et sûrement la plus complète, puisque l’animal, l’homme et la nature, la distance et le temps en sont les ingrédients.
Pour en savoir plus : l’endurance comme discipline