La traction animale a été le principal moyen de transport des gens et des fardeaux jusqu’à l’arrivée du chemin de fer. Elle a été pratiquée quotidiennement pendant des siècles en utilisant des véhicules spécifiques de toute nature pour le plaisir comme pour le travail, en temps de paix comme en temps de guerre. Cela a laissé des traces profondes dans la mémoire collective et a été matérialisé par d’innombrables œuvres d’art. Mais ce n’est qu’au XXe siècle que la pratique de l’attelage et ses compétitions seront inscrites au rang des disciplines équestres.
L’attelage dans l’Histoire
Survolons quelques étapes historiques avant de déboucher sur le monde moderne : les Sumériens seraient les premiers à s’être servis de la roue. Les pharaons chassaient le lion à bord de leurs chariots. Les courses de quadriges étaient incluses dans les jeux Olympiques grecs. Au XVe siècle, un charron de la petite ville hongroise de Kokske inventa l’avant-train tournant, ce qui permit aux voitures de tourner plus court ; d’où l’origine du mot “coche”. Le roi de France Henri IV utilisait des carrosses primitifs pour ses déplacements; il fut d’ailleurs assassiné à bord de l’un d’eux.
L’invention du collier, aussi importante que celle de l’étrier pour l’équitation, permit enfin de tracter des charges plus lourdes et de labourer. Au XVIIIe apparurent les transports en commun urbains et intervilles. L’apogée en matière de harnais et de voitures de luxe fut atteint à la fin du XIXe. En 1972, le prince Philippe d’Edimbourg codifia les concours d’attelage. Mais notre propos n’est pas de retracer l’histoire de la traction hippomobile…
L’attelage est devenu aujourd’hui un sport équestre si bien développé par les “meneurs” (on dit “meneuses” pour les femmes) – tant dans les pays européens qu’aux Etats-Unis – qu’il donne lieu chaque année à un Championnat du monde. Le premier du genre, appliqué aux attelages à 4 chevaux, s’est déroulé à Munster en 1972. S’affirmant au cours du temps, ce “Championnat à 4” alterne un an sur deux avec un “Championnat à 2” pour les attelages en paires. Il existe aussi un “Championnat à 1”, qui figure comme les autres au calendrier de la Fédération Équestre Internationale.
L’attelage : Les épreuves du cycle officiel international.
Soumis au règlement international F.E.I. un Championnat ou un Concours international d’attelage (C.A.I.) comprend trois épreuves distinctes:
Le dressage
C’est une reprise comportant des figures imposées. Elle est exécutée sur une carrière de 100 m x 40 m. Plusieurs protocoles officiels ont été établis, gradués selon leur difficulté de 1 à 7. Chaque reprise dure environ dix minutes. Le sol consacré à l’attelage doit être ferme. Un gazon convient fort bien, tandis que le sable mou est à proscrire. Les lettres du dressage monté sont les mêmes que celles de la carrière. Ces reprises ne comportent que deux allures: le pas et le trot. Elles sont notées par un aréopage de trois juges pour les concours mineurs et de cinq pour les plus avancés.
Le marathon
C’est un parcours d’une vingtaine de kilomètres comprenant :
– Un routier aux allures libres observant une moyenne horaire pré-établie de 14 à 15 km/h;
– Deux phases de 1 km chacune, à parcourir au pas en respectant une moyenne de 7 km/h ;
– Une phase courte (3 à 4 km) de trot rapide de 17 à 19 km/h, le galop y est interdit;
– Une phase de 13 à 14 km/h comprenant 8 obstacles dont la traversée est chronométrée individuellement. Ces obstacles sont codifiés et se composent d’une demi- douzaine de “portes” à franchir dans l’ordre et signalées par les lettres de l’alphabet.
Les dépassements de temps sont pénalisés. Les secondes de franchissement des obstacles sont additionnées et transformées en points de pénalité : il s’agit donc de les passer le plus rapidement possible. Le galop est toléré.
La maniabilité
C’est un parcours en carrière composé de 20 portes à franchir dans l’ordre à la vitesse de 210 à 230 m/min (galop autorisé). Tout temps dépassé est pénalisé. Les portes sont matérialisées par des quilles surmontées de balles. L’écartement entre ces quilles est fonction du type de l’épreuve. Chaque balle renversée représente 5 points de pénalisation.
Les diverses catégories d’attelages donnent lieu à des classements à part lors des compétitions. Elles se divisent en attelages à un seul cheval ou poney (simple), à 2 chevaux ou poneys (en paire ou en tandem), à 4 chevaux ou poneys.
Le total des points de pénalité encourus constitue le classement, le vainqueur étant celui qui en totalise le plus petit nombre. Il est à noter que l’ordonnancement de ces épreuves est calqué sur celui d’un concours complet monté. Dans les épreuves disputées par des poneys, les moyennes imposées sont inférieures. Il n’existe pas pour le moment de Championnat du monde pour poneys, mais uniquement une Coupe d’Europe.
L’attelage : Chevaux, voitures et harnais
Toutes les races de chevaux sont admises à concourir. Parmi les principales on peut noter les Lippizans, les Trakheners, les Hanovriens, les Pur-Sang Hollandais et Suédois, les Franches-Montagnes, les Cobs, les Orlovs, les Morgans. Pour les poneys, les Welsh, les Haflingers et les Fjords. Un attelage peut être composé d’un panachage de ces origines ou de croisements issus de ces races ou d’autres encore. Pour les attelages multiples, l’homogénéité des robes et une taille de chevaux bien assortie sont des critères importants. L’action des chevaux doit être exactement la même.
Du commerce des chevaux d’attelage, on peut affirmer que les coûts sont généralement inférieurs par rapport aux autres disciplines équestres. Mais il faut plusieurs chevaux pour pratiquer ce sport ! La valeur des équipages dépend aussi très souvent de leur degré de préparation, sachant qu’il faut plusieurs années d’entraînement pour atteindre un niveau international.
Deux catégories de voitures à quatre roues sont employées: l’une, très soignée, dite “de présentation”, est utilisée pour le dressage et la maniabilité ; l’autre, plus rustique, pour le marathon. Dans les deux cas, elles sont pourvues d’un châssis métallique et leurs freins sont à disques. Les constructeurs ne cessent de perfectionner les voitures de marathon en ce qui concerne le diamètre et l’inclinaison des roues, et au niveau du timon, souvent relié à la voiture par une articulation. Sur une voiture de présentation, le meneur doit porter une coiffure, des gants ainsi qu’un tablier et la voiture doit être munie de lanternes.
De beaux harnais en cuir sont d’usage pour le dressage et la maniabilité alors que des harnais de sangles renforcées de nylon suffisent souvent au marathon. Deux techniques de traction sont usitées au choix : le collier ou la bricole. Cette dernière est prédominante en raison de sa facilité d’adaptation à tout type de morphologie.
Le meneur communique ses ordres aux chevaux par la voix, par l’intermédiaire de guides de grande longueur, dont l’emploi précis nécessite une longue formation, et grâce aux attouchements de la mèche de son fouet. Ces “aides” doivent demeurer discrètes.
Attelage : les concours de tradition
Le but des concours de tradition est de réunir des équipages copiés sur ceux d’autrefois. La voiture employée doit être ancienne ou une copie exacte d’un modèle qui a eu cours au XIXe siècle. Les harnais et la tenue du meneur et de ses passagers doivent être du même style. Ils sont organisés sous l’égide de l’Association Française d’Attelage (A.F.A.). Les épreuves sont dosées afin d’éviter d’endommager les voitures de collection. Elles comportent une importante épreuve de “présentation”, au cours de laquelle sont soigneusement jaugées les qualités des éléments de l’équipage : chevaux et harnachements, voitures et habillement des passagers. Les ensembles sont ensuite lancés sur des routes (de faible fréquentation) afin de pouvoir juger de l’aptitude des meneurs à faire face à tous les incidents qui peuvent émailler une sortie.
Les différents équipages d’attelage
Trois genres d’équidés se partagent le monde de l’attelage. Il y a d’abord les chevaux, parmi lesquels il faut distinguer les “légers” et les “lourds”, puis les poneys et enfin les ânes. La France se distingue dans l’attelage des chevaux lourds, car elle est la seule nation à posséder autant de races de chevaux de trait: les Percherons, les Boulonnais, les Postiers Bretons, les Cobs Normands, les Comtois, les Ardennais, les Auxois, les Traits du Nord et les Mulassiers du Poitou. C’est à Saumur, en septembre 2000, que s’est déroulé le premier Festival international du cheval de trait. Ce type de manifestation attire un grand public; autre témoignage de ce succès populaire, la Route du poisson qui retrace, tous les deux ans, l’itinéraire des mareyeurs de Boulogne à Paris.
Dans les concours de tradition, plusieurs sortes de voitures sont utilisées : des voitures à 2 roues pour les attelages simples et les tandems ; les voitures à 4 roues pour certains attelages simples et pour la totalité des attelages en paires ou à 4 chevaux. Elles portent une infinité de noms répondant à la coutume et présentent souvent des variations. Par exemple, il est rare de voir deux breaks, dénomination très répandue, identiques. Dans le haut de la gamme, nous trouvons les mail- coaches et les park-drags. Rappelant les anciennes diligences qui sillonnaient autrefois nos routes, ce sont d’imposantes voitures dont le poids peut atteindre 1,5 t. Il est évident que dans, le domaine de la tradition, les appellations de “carriole” ou de “calèche” sont proscrites !
La qualité d’un équipage ne dépend, bien sûr, pas uniquement de son apparence. Qu’il soit pratiqué en compétition ou en simple loisir, l’art du menage requiert un long et sérieux apprentissage pour le meneur, conjugué à un dressage adapté des chevaux, afin que soient respectées tant les règles de l’art que celles de la sécurité, comme dans toutes les autres disciplines équestres.
Pour en savoir plus : Présentation de l’attelage