Qu’il s’agisse de maladies infectieuses, bactériennes ou virales, de maladies parasitaires externes ou internes, qu’il s’agisse enfin de la conduite générale de l’élevage ou d’effectifs de chevaux de sports et de loisirs, la qualité de la pension doit être la première préoccupation. Avant de choisir de mettre son cheval en demi-pension ou même de simplement choisir l’écurie qui conviendra à ses chevaux, il est nécessaire de s’assurer du sérieux de la pension elle-même ! Nous allons donc ici vous présentez les différents critères qui vous permettront de choisir de la bonne pension, que ce soit par la vérification de l’hygiène des box ou les connaissances des employés relatives aux différentes règles de conduite d’une pension.
Hygiène générale de la pension
L’hygiène générale est la condition essentielle à la réussite de toute prévention, médicale ou sanitaire. Comme on connaît la susceptibilité du cheval à son environnement, qui dans la majorité des cas est un environnement artificiel, des efforts particuliers doivent porter sur l’hygiène de la pension.
Locaux et moyens de transport mis à disposition par la pension
Les hébergements doivent être propres, clairs et aérés. Les poussières de l’air ambiant sont des facteurs très importants dans la survenue de maladies respiratoires. Dans les effectifs, il est intéressant de pouvoir isoler les nouveaux arrivants (mise en quarantaine) et aussi d’isoler les chevaux dès le début d’évolution ou dès la suspicion d’une maladie infectieuse que l’on sait possiblement contagieuse. Les vans ou les camions servant au transport des chevaux doivent être régulièrement nettoyés et éventuellement désinfectés. Des campagnes de désinsectisation et de dératisation doivent être menées au moins tous les ans.
Matériel de harnachement et de pansage de la pension
Il doit être dans toute la mesure du possible individuel et entretenu, ce qui n’est pas le cas dans toutes les pensions. Il convient d’éviter une promiscuité trop grande entre le matériel dévolu à chaque cheval d’un effectif. Par exemple, plus les tapis de selle et les selles sont au contact les unes des autres, plus grands sont les risques de contamination, par exemple lorsqu’un des chevaux est atteint de teigne. Cette remarque tient aussi pour le matériel de pansage, en particulier pour les brosses.
Aliments et litières de la pension
Ils doivent être stockés dans de bonnes conditions par les employés de la pension (local également aéré, protégé de l’humidité qui est favorable au développement de moisissures par exemple) en évitant, toujours pour la prévention des affections respiratoires, que les fourrages soient stockés au-dessus des box, polluant ainsi l’atmosphère par des substances irritantes pour l’appareil respiratoire. La litière doit être entretenue deux fois par jour, afin d’éviter une trop grande humidité, préjudiciable à l’état des pieds du cheval, notamment de ses fourchettes. De même, le nettoyage du box diminue la contamination de l’atmosphère par des substances volatiles produites dans les crottins et qui sont susceptibles d’irriter l’appareil respiratoire. Le nettoyage du box devrait toujours être fait en sortant le cheval pour les mêmes raisons de prévention d’irritation de l’appareil respiratoire.
Pâturages de la pension
Le nombre de chevaux dans les paddocks et les pâturages doit être raisonnable, au risque d’augmenter sensiblement le niveau de contamination parasitaire et par conséquent les risques d’infestations parasitaires des chevaux y séjournant. Il est d’ailleurs possible de déterminer ce niveau de contamination en réalisant des prélèvements qui seront analysés au laboratoire de parasitologie. Il est possible aussi de diminuer ce niveau en effectuant des rotations de pâturages ou en y faisant paître alternativement chevaux et autres espèces comme les ruminants.
Dans le registre de la prévention des plaies, on ne devrait plus voir aucuns équidés dans des pâtures dont les clôtures sont en fil de fer barbelé : en effet les plaies provoquées par celui-ci sont le plus souvent graves parce que délabrantes, anfractueuses avec des pertes de substances importantes nécessitant parfois des soins longs et coûteux, parfois même ne pouvant pas être soignées du tout.
Personnel de la pension
L’hygiène générale classique doit être la règle d’or. Le lavage fréquent des mains, le nettoyage des bottes ou des chaussures sont autant de conditions permettant d’assurer un environnement correct aussi bien sur le plan de la prévention de certaines maladies infectieuses que sur celui du bien-être général des chevaux. Même une pension présentant de bonnes conditions n’est pas à l’abri d’un employé peu scrupuleux.
Administration de médicaments au sein de la pension
Toute injection doit être réalisée après désinfection du site. Celle-ci est effectuée généralement avec de l’alcool à 70° mais il faut bien savoir d’une part qu’il faut frotter jusqu’à ce que le coton soit propre en en ayant bien sûr changé, d’autre part et surtout qu’il faut attendre environ une minute pour que l’imbibition de l’alcool appliqué réalise une antisepsie correcte du site.
Maîtrise du poulinage par la pension
Dans cette circonstance, c’est encore les principes d’hygiène générale qu’il faut appliquer ainsi que des règles simples comme la désinfection du cordon après sa rupture (à l’aide de produits iodés ou d’autres désinfectants) afin de prévenir des fréquentes infections de celui-ci. Au titre de la prévention des complications infectieuses de l’appareil génital de la jument après poulinage, il conviendra impérativement de veiller à la bonne expulsion de la totalité du placenta dans les trois à six heures suivant la naissance du poulain.
Avortement
Lors d’avortement, et parce que la cause la plus fréquente à craindre est la rhino-pneumonie (voir maladies infectieuses), il conviendra d’appeler le vétérinaire pour qu’il réalise les prélèvements nécessaires à l’établissement du diagnostic, et pour qu’il donne tous les conseils pour éviter la contagion de cette infection due notamment au fait que le virus responsable est assez résistant pendant quelques semaines dans l’environnement de la jument ayant avorté.
Gestion des maladies par la pension
Lorsqu’une maladie, légalement réputée contagieuse, spécifique au cheval survient, ce sont les autorités vétérinaires départementales qui organisent l’application des mesures de police sanitaire prévues par la réglementation.
Il en est de même lors d’épizootie de maladie touchant d’autres espèces mais dont on sait que le cheval peut véhiculer l’agent pathogène responsable, comme dans le cas de la fièvre aphteuse.
Lors de certaines épizooties de maladies propres au cheval, et non légalement réputées contagieuses, comme la grippe, la gourme ou la rhino-pneumonie, des mesures de prophylaxie sanitaire spécifiques pour chacune peuvent être instaurées. Il s’agit dans tous les cas d’isoler les chevaux atteints, d’éviter les mouvements d’animaux, éventuellement de renforcer la pression vaccinale, si cela est possible, chez les chevaux non encore atteints. Dans tous les cas, en termes de soins, il convient de s’occuper des chevaux malades en dernier. L’utilisation de désinfectants, concernant les personnels et les locaux, doit être renforcée ; la mise en place de pédiluves pour assurer la non-dissémination des agents pathogènes en sortant des locaux peut être indispensable lors de certaines infections (salmonellose par exemple).
Gestion des maladies infectieuses au sein de la pension
Comme pour la prévention des maladies infectieuses de l’homme, le vétérinaire dispose d’un certain nombre de vaccins pour prévenir les principales maladies infectieuses du cheval. Toutefois, nous ne disposons pas en France forcément des mêmes vaccins que dans d’autres pays, soit parce que les maladies sont différentes, soit parce que des motifs législatifs prévalent.
Aujourd’hui en France, nous pouvons vacciner les chevaux contre la rage, la grippe, la rhino-pneumonie et le tétanos. Les vaccins renferment des substances constitutives de l’agent pathogène qui sont inactivées (c’est-à-dire qu’elles ne peuvent pas rendre l’animal malade après l’injection) que l’on appelle antigène; il peut s’agir d’antigène naturel ou fabriqué au laboratoire selon des procédés particuliers. Comme ces antigènes sont inactivés, ils sont mélangés à des substances adjuvantes qui vont permettre d’augmenter la production souhaitée après vaccination de substances qui vont permettre à l’animal de se défendre d’une infection par le pathogène considéré : ce sont les anticorps. Comme les anticorps, lorsqu’ils existent chez la jument gestante, sont transmis par le colostrum (premières sécrétions mammaires après la naissance du poulain) au poulain nouveau-né, et qu’ils peuvent persister pendant plusieurs semaines chez ce dernier, les premières injections vaccinales sont généralement réalisées à partir de 4 à 6 mois, pour éviter les interférences et les échecs vaccinaux.
Gestion de la rage au sein de la pension
Normalement, tout équidé présenté au public doit être vacciné contre la rage. La vaccination est réalisée à partir de 6 mois et comporte une première injection suivie de rappels annuels. Si la mère est régulièrement vaccinée, on peut commencer la vaccination à 4 mois mais il faudra deux injections à quatre semaines d’intervalles puis un rappel annuel, si la jument n’est pas vaccinée, la primo-vaccination comportant deux injections à un mois d’intervalle peut être envisagée dès l’âge de 2 mois.
Gestion du tétanos au sein de la pension
La vaccination contre le tétanos comporte une primovaccination (deux injections à un mois d’intervalle) suivie d’un premier rappel annuel puis des injections de rappels tous les trois à cinq ans. Ces deux vaccinations sont remarquablement efficaces.
Le tétanos est une maladie que survient généralement après l’apparition d’une plaie mal soignée ou qui passe inaperçue. Chaque fois qu’un cheval se blesse, des soins particuliers doivent être dispensés et en fonction du statut vaccinal du cheval (ancienneté du dernier rappel antitétanique), le vétérinaire peut décider d’injecter à titre préventif du sérum anti-tétanique comme cela est également pratiqué chez l’homme. Ne pas le faire dans certains cas serait une erreur grave.
Vaccination contre la grippe au sein de la pension
La vaccination contre la grippe est obligatoire pour certaines catégories de chevaux (courses, concours). Elle comporte deux injections à un mois d’intervalle puis un premier rappel à 6 mois et des rappels annuels. Il faut souligner que l’efficacité de cette vaccination n’est pas toujours complète car l’agent pathogène responsable est susceptible de changer et par conséquent ne plus être complètement reconnu par les anticorps fabriqués après la vaccination. Cependant, même si des symptômes sont observés lors d’infection d’un cheval vacciné, ils sont toujours beaucoup moins importants que si le cheval n’était pas protégé du tout.
Vaccination contre la rhino-pneumonie au sein de la pension
La vaccination contre la rhino-pneumonie est réalisée en pratiquant deux injections à un mois d’intervalle puis des rappels annuels avec, selon le contexte épidémiologique dans un effectif, la possibilité de réaliser des rappels plus rapprochés, et surtout de réaliser des injections de rappel pendant la gestation de la jument pour prévenir des avortements (injection au cinquième, septième et neuvième mois). Dans tous les cas, cette vaccination, si elle ne protège pas forcément contre l’infection des chevaux, permet de diminuer les phénomènes de réexcrétion de virus au sein d’un effectif dans lequel de bons résultats sont observés si plus de 70 % des animaux sont régulièrement vaccinés.
La vaccination contre l’artérite virale est interdite en France, tout comme celle contre la gourme qui n’y est pas réalisée.
Il n’existe pas de vaccins contre les leptospiroses équines non plus d’ailleurs contre les babésioses (piroplasmoses).