Cavaliers, vous entendez souvent parler de l’origine des chevaux que vous montez et on vous parle parfois d’élevage. Oui mais l’élevage, vous vous demandez ce que c’est, ou du moins, ce que cela couvre. Pour pouvoir participer pleinement aux conversations la prochaine fois que vous entendez parler du sujet, voici pour vous les bases à connaître pour comprendre un peu le vaste domaine qu’est l’élevage, le métier d’éleveur de chevaux, les concours, l’état actuel de l’élevage en France ainsi que ses nouveaux modes alternatifs.
Qu’est-ce que l’élevage de chevaux ?
Très simplement et théoriquement, l’élevage de chevaux c’est l’ensemble des techniques et processus qui amènent à la naissance d’équidés dits « domestiques » au bénéfice de l’activité humaine, dans le secteur agricole en France. Cela concerne autant les chevaux destinés au sport, que ceux qui seront affiliés aux courses hippiques, aux loisirs ou au travail (Garde républicaine, chevaux de traits…). Mais l’élevage équin sert aussi à des activités auxquelles on aime moins penser comme la production de viande et de produits dérivés (lait de jument, cuir, engrais…).
L’élevage a notamment contribué à la création et l’évolution de races de chevaux connues aujourd’hui, ceci grâce au travail de croisements que les éleveurs ont réalisé- au cours des temps. Cette activité se perpétue aujourd’hui pour la création de la meilleure production possible dans chaque race.
La France est un pays reconnu pour la qualité de l’élevage de ses chevaux, notamment ses chevaux de sport tels que le Selle Français ou l’Anglo-Arabe et de ses chevaux de courses de trot avec le Trotteur Français. Grâce aux Haras Nationaux, qui sont représentés par 20 sites en France métropolitaine, l’élevage français a su préserver, valoriser et transmettre son savoir-faire et son excellence à travers les années.
Qu’est-ce que le métier d’éleveur de chevaux ?
Un éleveur s’occupe de la gestion d’un groupe de juments, qu’il en soit propriétaire ou non, et qui peut également avoir un ou plusieurs étalons à sa disposition. Son rôle est d’assurer les soins et de s’occuper de ses poulinières lors du cycle de reproduction, de faire les choix de croisement (quel étalon pour quelle jument, quel type de monte…) et de s’occuper du processus de saillie des juments. L’éleveur va s’occuper des poulains et les faire grandir dans les meilleures conditions à des fins de valorisation voire de commercialisation. L’élevage, c’est d’abord un métier de passion, qui demande une grande polyvalence : il faut non seulement avoir des connaissances sur la reproduction et la génétique mais il faut également une grande connaissance des chevaux, en termes de santé, de soins, d’alimentation, de manipulation et d’éducation.
Souvent à son compte, l’éleveur doit maîtriser la gestion d’une structure agricole (gestion administrative et financière) mais le métier demande aussi des compétences de vente et de communication pour réussir à valoriser et commercialiser les chevaux issus de l’élevage. La plupart du temps, les éleveurs se spécialisent pour proposer à leurs clients un type de cheval (de course, de sport, de loisir…) voire même une race en particulier. Leur objectif est de produire des chevaux de qualité, qui répondent au mieux aux standards de chaque race et aux attentes des acheteurs, dans l’espoir de créer un élevage de renom.
Il existe des formations pour ceux qui souhaitent se lancer dans l’élevage : Bac Pro Conduite et Gestion de l’Exploitation Agricole, BTS Agricole Production Animale ou BTS Analyse, Conduite et Stratégie de l’Entreprise Agricole, dans l’idéal avec une option équine. Cependant, la formation scolaire ne suffit pas pour devenir éleveur. Une expérience professionnelle dans le milieu du cheval, en tant que cavalier, palefrenier ou soigneur dans un élevage est plus que conseillée, voire même un passage obligé pour les futurs éleveurs. Il est très important de réaliser que devenir éleveur demande des moyens financiers considérables, sinon la propriété préalable de terres pour y installer sa structure, ainsi qu’un réel investissement.
A court voire moyen terme, l’activité d’élevage n’est pas facilement rentable, il est donc conseillé de l’associer avec une activité complémentaire telle que la pension, le débourrage ou la valorisation afin que cela soit un minimum viable.
Attention, nous avons là envisagé l’élevage comme un métier à part entière. Cependant, en France, le propriétaire d’une jument conduite à la saillie l’année précédente est considéré comme éleveur. Un particulier qui choisit de faire saillir sa jument à titre personnel, exceptionnel et non commercial va tout de même être perçu comme un éleveur aux yeux de l’IFCE (Institut Français du Cheval et de l’Equitation).
Etat actuel de l’élevage de chevaux en France
En 2016, en France, on comptait 30 785 élevages. Il s’agit pour la plupart de « petits » éleveurs (au sens de propriétaire de jument saillie) car 80% d’entre eux ne possèdent pas plus de deux juments. La même année, les races les plus représentées en nombre d’éleveurs sont le Trotteur Français (cheval de course) ainsi que le Selle Français (Race Française de selle) et 30% des éleveurs ont produit « hors stud-book ».
Ces chevaux « hors stud-book » sont, depuis 2010, connus sous le nom « d’Origine Constatée ». Ils représentent les chevaux nés d’un père étalon approuvé, dont la saillie a été déclarée, mais dont le croisement n’est reconnu par aucune association de race (stud-book) ou bien des poulains déclarés issusde la monte libre, de père étalon non approuvé ou dont la saillie n’a pas été déclarée. L’appellation Origine Constatée (OC) permet aux origines de figurer sur les papiers du cheval qui n’est alors inscrit à aucun Stud-Book. Vous trouverez sur le site de l’IFCE toutes les démarches nécessaires à la déclaration d’un poulain OC à la naissance. Pour les équidés dont les origines sont inconnues ou incomplètes et qui n’appartiennent ni à un stud-book, ni aux catégories d’Origine Constatée, ils seront enregistrés comme ONC : (Origine Non Constatée). Cela leur permet d’être enregistrés et identifiés comme l’oblige la loi.
On remarque en 2016 une diminution du nombre d’éleveurs en général mais quand on regarde le type de production, cette tendance à la baisse ne- concerne pas tout le monde. En 10 ans, le nombre de propriétaires de juments de courses saillies s’est stabilisé, la production de chevaux de trait a nettement diminué alors que les autres productions (races de selles françaises et étrangères, poneys, ânes) ont légèrement augmenté-.
Il est important de différencier l’éleveur, défini plus haut, du naisseur. Le naisseur est représenté par tout propriétaire d’un poulain minimum né dans l’année. En France le nombre de naisseurs a connu une baisse en 2016, sur les 31 370 éleveurs en 2015, 21 480 ont déclaré- une naissance l’année suivante.
La disparité de la dynamique géographique de l’élevage français est particulièrement marquée. En effet, certaines régions sont bien plus actives en termes de nombre d’élevages mais également en termes de qualité de production. La Basse-Normandie est notamment la région la plus proactive concernant les chevaux. En effet, plus de 20% des chevaux français en sont issus et près de 85% des élevages produisent des chevaux de courses (notamment de trot) ou des chevaux de sport ; les éleveurs de chevaux de trait et de loisirs s’y font plus rares. Bien représentative du modèle français, la Basse-Normandie compte un grand nombre de petits éleveurs qui ne se considèrent pas comme professionnels. Les Pays de la Loire sont également une région très dynamique en termes d’élevage de chevaux.
Les concours d’élevage de chevaux
Afin de valoriser leurs produits, les éleveurs ont besoin de circuits qui permettent de mettre en avant les jeunes chevaux, les poulinières et les étalons.
Pour cela, il existe des concours dédiés à l’élevage, simplement appelés « concours d’élevage », qui permettent de juger les meilleurs poulains et les meilleures mères. Souvent séparés par race afin que les chevaux soient jugés face à des concurrents du même style (difficile de noter un pur-sang arabe avec les mêmes critères qu’un selle français), ces concours se divisent en diverses catégories d’âges : foals, yearling, jeunes de 2 ans, jeunes de 3 ans et poulinières suitées. Les mâles et les femelles concourent dans des épreuves différentes. Les jeunes chevaux et poneys sont jugés sur différents tests selon leur âge, parmi eux le modèle, les allures en liberté (jusqu’à 2 ans), les allures montées (pour les 3 ans) et le saut en liberté (à partir de 2 ans). Cela permet aux éleveurs d’obtenir des notes et un classement pour leurs produits ce qui peut les aider à les valoriser. La plupart des stud-booksou les associations regroupant plusieurs races vont organiser des Championnats de France pour élire chaque année les champions de chaque race.
Il existe aussi des circuits dédiés aux jeunes chevaux qui ont entre 4 et 7 ans. La Société Hippique Française a mis en place les Cycles Classiques (réservés aux professionnels) et les Cycles Libres (pour les amateurs) qui sont des circuits de valorisations de jeunes chevaux dans plusieurs disciplines. Ces circuits visent à mettre en valeur et distinguer les jeunes chevaux et poneys les plus aptes à chaque discipline et ainsi à créer une sélection de futurs chevaux d’élite pour le haut niveau. Ces compétitions permettent aux éleveurs de révéler et mettre en avant le potentiel de leurs produits. Les concours SHF vont jusqu’aux 6 ans de l’équidé mais il existe un championnat fédéral réservé aux chevaux de 7 ans. Les finales de ces circuits, organisées lors des Grandes Semaines, sont des événements majeurs dans le monde de l’élevage.
Les étalons sont quant à eux valorisés par leurs résultats en compétition et la qualité de leur progéniture mais pour aider les éleveurs à les mettre en avant, il existe de nombreuses présentations d’étalons, lors de shows ou des Salons Etalons, qui sont au nombre de 4 en 2018 et se déroulent au mois de février. C’est l’occasion pour les éleveurs et étalonniers de montrer leurs meilleurs étalons en chair et en os et de donner envie à tous ceux qui recherchent le père idéal pour leur futur poulain.
L’élevage de chevaux collaboratif, une nouvelle façon d’élever
Au vu des coûts importants qu’implique l’élevage, on voit apparaître aujourd’hui un nouveau moyen de réaliser cette pratique : l’élevage collaboratif. Actuellement, alors que la Sharing Economy (comprenez économie du partage), lancée par les start-up telles que BlablaCar ou Airbnb, bat son plein, certains éleveurs ont compris qu’il était également possible de donner accès à l’art de l’élevage pour au plus grand nombre. Cela fonctionne de la même manière qu’une campagne de Crowd-funding (financement participatif), c’est-à-dire de collecter des montants pas forcément élevés mais de la part d’un plus grand nombre de personnes. Les personnes qui choisissent de participer prennent alors le statut de « co-éleveur » puis « co-naisseur » lors de la naissance du poulain. Si vous avez toujours rêvé d’avoir un poulain sans pour autant avoir les connaissances qui s’imposent, cette solution est pour vous.
Start Up innovante, c’est My Horse Family qui a lancé en ligne la première plateforme d’élevage collaboratif dans le but de créer un réel soutien aux éleveurs qui souhaitent se lancer dans le projet tout en suscitant l’intérêt des particuliers pour les rejoindre dans l’aventure. Les propriétaires de juments qui souhaitent faire partager leur projet n’auront qu’à le proposer en ligne, en déterminant le budget que va engendrer la naissance du poulain (saillie, assurance, pension, débourrage…) et en indiquant le pourcentage qu’ils souhaitent garder, le nombre de co-éleveurs maximum, la date de la saillie et sous combien de temps ils souhaitent vendre le cheval. Avec ces informations, le site internet va calculer le prix d’une part, leur nombre ainsi que le pourcentage de propriété qu’il est possible d’acquérir.
Les personnes qui souhaitent soutenir un éleveur vont d’abord sélectionner un projet parmi tous ceux proposés sur la plateforme : chevaux de courses, chevaux et poney de sport ou de loisir, choisissez alors le projet dans lequel vous vous retrouvez le plus. Evidemment, devenir co-éleveur confère des avantages à celui qui souhaite le devenir. Ces avantages dépendent du projet mais vous aurez entre autres l’occasion de participer au choix du nom du poulain, de lui rendre visite, de recevoir régulièrement de ses nouvelles et de recevoir un pourcentage sur la vente.
L’élevage collaboratif va donc révolutionner l’élevage classique et le rendre accessible à tous. Alors, pourquoi pas vous ?
Pour en savoir plus : l’élevage équin
Découvrez les aliments complémentaires de Royal Horse répondant aux besoins spécifiques des chevaux d’élevage : B-100 et B-150.