Le Cadre Noir s’est développé pendant près de cent cinquante ans au sein de l’Ecole de Cavalerie de Saumur avant sa mutation, en 1972, à l’Ecole Nationale d’Equitation qui venait d’être créée. En 1972, le Cadre Noir se sépare de l’École d’Application de l’arme blindée cavalerie. Quittant la tutelle du ministère de la Défense pour celle de la Jeunesse et des Sports, il intègre l’École Nationale d’Équitation qui vient d’être créée. Il en forme “l’ossature”. Il s’ouvre alors au recrutement civil et deux femmes portent bientôt la tenue noire. Privilégiant l’équitation académique, il constitue progressivement la moitié du corps enseignant d’une école essentiellement orientée vers la formation des cadres de l’équitation mais dans laquelle on enseigne aussi les trois disciplines olympiques, l’attelage, l’endurance et la voltige.
Les origines du Cadre Noir
En 1763, le roi Louis XV confie au duc de Choiseul la réorganisation de la cavalerie française. “La plus belle école du monde” est alors construite sur le Chardonnet pour accueillir les officiers et les sous-officiers chargés de l’instruction dans les régiments de cavalerie. Elle fonctionnera jusqu’en 1788. Dissoute à la veille de la Révolution, l’école renaîtra à la Restauration.
Elle comprend alors un Manège militaire et un Manège académique dans lesquels on enseigne les principes d’équitation militaire. Les “airs relevés” y sont officiellement pratiqués. Apparus au Moyen Âge et maintenus sous la Renaissance italienne, les “sauts d’école” servaient à orner les chorégraphies des carrousels. Ils permettaient également de prouver la valeur et la solidité des cavaliers en selle. L’origine militaire de ces mouvements est probable. À Saumur les “sauts d’école” étaient, et sont toujours, pratiqués sans étriers.
Les écuyers du Manège académique, ancêtre du Cadre Noir, se réclamèrent immédiatement de la tradition de Versailles. En 1828, au premier carrousel, les cadres présentent des reprises de Sauteurs et d’instructeurs. Ces derniers sont alors coiffés de l’actuel “chapeau de manège”, le lampion ou bicorne, mais la tenue n’est pas encore noire. Elle le deviendra sous le règne de Louis- Philippe. Le Cadre Noir est né et forme dès lors le cadre des instructeurs d’équitation de l’Ecole de cavalerie.
À partir de 1840, l’école voit s’affronter deux conceptions de l’équitation académique, celle du comte d’Aure et celle de Lrançois Baucher. Parfois très opposées, les méthodes de d’Aure et de Baucher firent naître de nombreuses et violentes polémiques.
Elève de l’un et de l’autre, le général L’Hotte, l’un des plus brillants écuyers de son temps, enrichissait la tradition équestre française en fixant les bases de la doctrine.
Les présentations du Cadre Noir
Progressivement, les écuyers s’ouvrent aux différentes disciplines équestres et participent à la compétition en dressage, en obstacle et en course. Ceci montre l’éclectisme et la faculté d’adaptation dont a su faire preuve cette institution tout au long de son histoire.
Depuis son origine, le Cadre Noir a exprimé ses conceptions équestres lors de présentations publiques en France puis à l’étranger.
Les présentations du Cadre Noir comprennent la reprise de Manège, celle des Sauteurs en liberté et plusieurs autres prestations à base d’exercices aux longues rênes, travail à l’obstacle et autres. La reprise de Manège comprend du travail de basse et de haute école. Dans le travail de basse école, le cheval est exercé dans toutes les allures naturelles, amenées au plus haut degré de régularité. Dans la haute école, par la conquête du rassembler et de l’impulsion, les allures prennent une forme stylisée.
La valeur de l’équitation académique ou artistique se trouve moins dans l’aspect spectaculaire des mouvements que dans la parfaite légèreté de l’exécution : le cheval est léger lorsqu’il obéit aux plus discrètes indications de l’écuyer. “Impulsion, grâce et légèreté sont les marques de l’Équitation française.”
La reprise des Sauteurs comprend la courbette et la croupade, qui ont conservé leur style “Saumur” et la cabriole, qui conserve son style classique.
Fin 1999, les appellations E.N.E. et Cadre Noir sont amenées en superposition, celui-ci formant désormais la totalité du corps enseignant de cette école, toutes disciplines et spécialités confondues, soit environ 45 écuyers. Les militaires forment encore un tiers de l’effectif de l’ensemble.
L’Ecole Nationale d’équitation en quelques chiffres
- 200 personnes dont 43 enseignants;
- 400 chevaux hébergés en boxes individuels;
- 20 000 journées de stages par an ;
- Plus de 50000 visiteurs;
- 4 grandes écuries;
- 6 manèges et 15 carrières olympiques;
- près de 50 km de pistes aménagées;
- plusieurs centaines d’obstacles naturels;
- une clinique vétérinaire moderne;
- un amphithéâtre équipé;
- une médiathèque moderne.
L’École dirige la publication de sa revue, L’Équitation qui se positionne comme un support d’échange et d’information concernant ce sport et son enseignement.
Les missions et moyens de l’École Nationale d’Équitation
L’E.N.E. agit en liaison avec la Fédération Française d’Équitation et avec le soutien des Haras Nationaux et des ministères de la Défense et de l’Agriculture.
Elle forme les cadres supérieurs de l’équitation. L’enseignement dispensé recouvre l’ensemble des disciplines équestres mais aussi la formation générale. Elle propose, en liaison avec l’université d’Angers, la Fédération Française d’Équitation, les organismes professionnels ou avec d’autres partenaires, un éventail de stages ou de formations supérieures aux enseignants et compétiteurs, français et étrangers. Plus de 25000 journées de stages sont comptabilisées chaque année. Chevaux et cavaliers de l’école valorisent leur connaissance dans la compétition, du niveau régional au niveau international. Enfin, l’école accueille ou organise de nombreuses compétitions, elles aussi de niveau international.
Des études et des recherches sont menées dans différents domaines techniques, scientifiques ou pédagogiques afin d’améliorer l’enseignement de la pratique de l’équitation.
Le programme le plus connu du bureau chargé de la recherche est, sans aucun doute, le simulateur “Persival”, déjà commercialisé et à l’origine de nombreuses applications dérivées. L’École possède aussi un centre de documentation particulièrement important et de plus en plus accessible grâce au multimédia. Au sein de l’École Nationale d’Équitation, le Cadre Noir perpétue ses missions de formation et de dressage des chevaux français. Par ses présentations et son enseignement, il exprime ses conceptions au-delà de nos frontières et contribue au rayonnement de l’équitation française. Construite depuis 1974 en plusieurs étapes de travaux, l’école est implantée sur deux grands terrains totalisant 300 hectares. Le terrain de Terrefort sur lequel se trouve l’ensemble des bâtiments, et le terrain de Verrie utilisé essentiellement pour les compétitions et les courses.
L’école se visite toute l’année pour les groupes et propose un programme d’activités chargé, participant ainsi à l’essor économique du bassin de Saumur, notamment sur le plan touristique.
Bien qu’ils soient essentiellement réservés à la formation, les moyens magnifiques de l’École Nationale d’Équitation attirent de nombreux opérateurs venus y organiser réunions et séminaires.
Beaucoup de gens pensent qu’à Saumur, en raison des présentations publiques du Cadre Noir, les écuyers se complaisent, voire s’enferment, dans la discipline du Dressage. C’est oublier qu’en fait le dressage au sens générique du terme est un moyen et non une fin en soi. Les exercices d’assouplissement et de musculation décrits dans tous les bons manuels d’équitation n’ont qu’un seul but : rendre son cheval facile et agréable à monter (à mener pour les adeptes de l’attelage).
Il convient schématiquement de distinguer deux principaux courants européens dans ces moyens de dressage. Ceux-ci sont merveilleusement décrits dans l’analyse de l’œuvre de Steinbrecht par le général Decarpentry, en avant-propos de son “Gymnase du cheval”.
Dresser, en ce qui concerne notre équitation classique française, n’a donc pas pour but de donner aux chevaux des attitudes et des allures factices. Il convient plutôt d’obtenir, grâce à une progression intelligente, des chevaux travaillant dans l’harmonie musculaire, souples, maniables, réceptifs aux indications des mains et des jambes, pouvant se reprendre, se rééquilibrer, s’arrêter, repartir sans effort, tourner court jusqu’à pirouetter. Enfin, il est un baromètre facilement lisible : la qualité des allures ! À partir du moment où il y a détérioration des allures chez le cheval monté ou attelé, nous avons la preuve que son dressage est faux.
Pour en savoir plus : Le Cadre Noir de Saumur