L’Amérique a été le théâtre d’un phénomène intéressant mais méconnu en tant que tel: “une domestication moderne” du cheval. Comment le cheval est-il apparu dans le Nouveau Monde ? Qu’en était-il de cet animal à l’époque des Amérindiens et de Christophe Colomb ?
L’arrivée des chevaux en Amérique
L’histoire de l’arrivée des chevaux dans le pays diffère de celle de l’apparition de l’équitation en Europe ou en Orient.
Arrivés sur les ponts des caravelles et des galions espagnols en 1493 et 1518, les chevaux de Christophe Colomb et de Hemân Cortés sont les premiers aïeux des chevaux d’Amérique. L’espèce était inconnue sur le continent et, sous Montezuma, les défenseurs de Tenochtitlân ont été pris de stupeur à la vue de cet animal formidable : ils en moururent.
Juan Vâsquez de Coronado et Hernando de Soto, qui, au début des années 1540, reconnurent respectivement les Grandes Plaines et le sud-est des futurs Etats- Unis, y égarèrent des chevaux. Ces chevaux échappés, les Mustangs (Mesteno, Monstenco) puis d’autres, repartirent à la conquête de l’Amérique : Burros, Appaloosa, Broncos et autres Quarter Horses témoignent de l’extraordinaire vitalité de la lignée caballine.
Lorsque les Indiens Pueblos, révoltés contre les Espagnols qui les avaient asservis, les eurent chassés temporairement du Nouveau-Mexique en 1680, ils prirent soin des chevaux que leurs maîtres avaient abandonnés dans leur retraite. Ils en procurèrent aux Comanches, aux Kiowas et à d’autres tribus et leur apprirent à les dresser et à les élever. Le cheval se répandit ainsi de proche en proche : vers 1745, les Cheyennes du Kansas et, vers 1780, les tribus du Canada possédaient aussi leurs chevaux.
Le cheval et les Amérindiens
C’est ainsi que, entre la fin du XVIIe et la première moitié du XVIIIe, par échanges, par vols de chevaux déjà dressés ou par capture de chevaux “sauvages”, les Amérindiens se sont approprié le cheval: Chichimèques mexicains, Curacas péruviens, Araucans chiliens et Patagons argentins, Pawnees, Arapahos, Crows, Sioux, Pieds-Noirs nord-américains. Ils ont (re) domestiqué le Mustang, ils l’ont sélectionné, et certaines tribus ont même créé de nouvelles races: le Criollo d’Argentine, le Poney Indien des Cayuses et des Pawnees ou l’Appaloosa des Nez-Percés. Les Indiens des Plaines, nomades, ont utilisé le Mustang pour la chasse au bison, pour les transports, pour le commerce et pour la guerre. La chasse au bison devenait un exercice ; le “chien sacré”, comme certains d’entre eux l’appelaient, a remplacé très avantageusement le chien de travois ; la richesse se comptait en chevaux, les vols de chevaux entretenaient un état de guerre permanent et la guerre était l’occasion de montrer ce qu’on savait faire sur un cheval… Les guerriers peignaient sur leur monture les symboles de leurs exploits, un peu comme le feront, plus tard, les pilotes de chasse sur le cockpit de leur avion. Les tribus devenues expertes en équitation prirent l’avantage sur les autres : les Comanches, les Cheyennes expulsèrent des plaines les Apaches, les Tonkawas et les Wichitas et les refoulèrent au sud et l’ouest. Ainsi en ont témoigné les explorateurs des Grandes Plaines américaines.
Que cela ait été dans les Grandes Plaines américaines ou dans les steppes eurasiatiques, le cheval fut toujours, pour l’homme, le compagnon des grands espaces et du rêve.
Pour en savoir plus : l’arrivée du cheval Mustang en Amérique