Au IVe millénaire av. J.-C., la culture Gulmenitza (Roumanie et Bulgarie) connaissait le cheval domestique. Dès le IIIe millénaire, le bassin des Carpates était recouvert de chevaux domestiques. Il n’y a pas eu de chevaux domestiques en Europe centrale et de l’Ouest avant le néolithique final, soit jusqu’à la première moitié du IIIe millénaire av. J.-C., même si, de temps à autre, la découverte de restes de chevaux dans des contextes néolithiques remettent à l’ordre du jour la question du statut, domestique ou sauvage (ou intrusif!), du cheval. Il a pu être domestiqué sur place, le processus étant “dans l’air du temps” et les conditions s’y prêtant. Comment le cheval est-il arrivé en Europe ? Qu’en est-il de la pratique de l’équitation chez Les grecs et au Moyen Age ?
Le cheval en Europe occidentale
Mais le cheval domestique arrive en Europe occidentale surtout à la faveur des migrations danubiennes de la civilisation campaniforme, à partir de 2500 avant J.-C. Vers 2000, on trouve des restes de chevaux (domestiques) partout en Europe “des îles Orkney à la Grèce”. Vers le milieu du XIXe siècle av. J.-C., le développement de l’économie du bronze rendra nécessaire le transport des métaux composant l’alliage (cuivre, étain et plomb), dont les mines sont éloignées les unes des autres : les transports par mer et par terre se développent, dans toute l’Europe, entre la mer Baltique et la Méditerranée orientale. Des chariots tirés par des chevaux sont utilisés d’une manière intensive et l’économie en dépend à ce point, en Europe du Nord, qu’ils sont l’objet d’une sorte de “culte du chariot”, dès l’âge du bronze moyen, et que des statuettes à caractère votif les représentent, comme le Chariot de Trundholm, au Danemark. À l’âge du bronze, les chevaux d’Europe centrale atteignaient de 125 à 130 cm au garrot, ils étaient plus petits et plus graciles que leurs contemporains de Hongrie.
À l’âge du fer, les chevaux occidentaux, devenus très communs, étaient toujours du format des poneys (moins de 126 à 127 cm au garrot, moyenne 126 cm), parfois même très petits (100 cm et moins). Les Celtes divinisèrent le cheval et en firent l’animal emblématique d’Epona, déesse très vénérée à l’époque gallo- romaine. Les chevaux gallo-romains (ainsi que d’autres animaux, chien, cerf…) feront l’objet d’inhumations individuelles ou collectives dont la pleine signification échappe toujours.
Les chevaux d’Europe centrale sont globalement plus grands: de 120 à 150 cm, avec une moyenne de 136 cm. Les chevaux orientaux du Ier millénaire av. J.- C. (Scythes et Sarmates) sont de plus grand format (environ 135 à 145 cm) et plus fins. Les Scythes auraient utilisé les étriers, mais cette innovation, particulièrement importante, ne sera retenue ni par les Grecs ni par les Romains.
Si l’histoire de l’équitation en Europe occidentale est forcément plus dense que celle de son apparition en Amérique, il ne faut pas cependant mettre des coté les grandes nations du cheval en orient.
Le cheval chez les Grecs et les Romains
Les Grecs, inventeurs historiques des courses de chevaux, et surtout les Romains, importeront pourtant des chevaux scythes, sarmates et géto-daces en grand nombre et, les disséminant sur leurs territoires respectifs, amélioreront les chevaux occidentaux. Les chevaux grecs les plus anciens, graciles, mesuraient de 115 à 135 cm au garrot, tandis que ceux des derniers siècles av. J.-C. atteignaient 140 cm et plus. Les Romains utilisaient pour l’armée des chevaux d’une taille comprise entre 115 et 155 cm, ils réservaient probablement les plus grands (145 à 155 cm) pour la cavalerie. Les chevaux gaulois et germains contemporains étaient plus petits (autour de 130 cm). Les Romains protégeaient les pieds de leurs chevaux avec des hipposandales ; les fers à étampures et à clous tels que nous les connaissons aujourd’hui ont été retrouvés sur des sites celtes de la fin du Ier siècle av. J.-C., près de Salzbourg et de Berne, ils ne se généraliseront que lentement. Les textes hippologiques et hippiatriques classiques grecs – Xénophon (430 à 354 av. J.-C.) : De l’art équestre – et latins – Varron (116 à 27 av. J.-C.) : l’Économie rurale, Columelle (début de l’ère à 65 ap. J.-C.) : l’Agriculture – constituent des références millénaires et font toujours les délices des lecteurs modernes. L’essor de la mulomedicina, l’hippiatrie, ne fait pas que traduire l’intérêt économique du cheval, il montre aussi les sentiments qu’il suscitait parmi les Romains qui, au contraire des peuples contemporains, ne mangeaient pas leurs chevaux.
Le cheval au Moyen Age
Au Moyen Âge, l’élevage ne se caractérise pas par son dynamisme zootechnique, même si le cheval de guerre et d’apparat pouvait dominer par sa taille et la prestance quelle conférait aux équipages. Par exception, le cheval arabe, instrument des conquêtes musulmanes des VIF et VIIIe siècles, était déjà un produit high-tech. Les chevaux mis au jour dans les tombes de cavaliers avares et slaves du haut Moyen Age en Europe centrale mesuraient de 131 à 145 cm au garrot, avec pour valeurs extrêmes 119 à 150 cm, mais ces chevaux “privilégiés” peuvent ne pas refléter l’ensemble de la population équine.
Dans leurs équipées, les Vikings embarquaient de petits chevaux de moins de 140 cm, dont descendent bien des races de poneys insulaires actuelles. Les chevaux de l’époque de l’installation des Magyars, au Xe siècle atteignaient de 136 à 137 cm au garrot. Avec les étriers, les “grandes invasions” du haut Moyen Âge ont introduit le collier d’épaule. C’est alors que le cheval a été mis au travail des champs. Les enluminures médiévales montrent que les chevaux de travail sont petits (ainsi que les bovins), au point qu’on peut se demander si les proportions sont bien respectées. Les données chiffrées de l’archéozoologie montrent que c’est bien le cas. Comme dans le cas des autres espèces domestiques, il faudra attendre l’époque moderne pour voir le format des chevaux augmenter et leurs caractéristiques de races se préciser et se fixer dans les standards.
Pour en savoir plus : l’histoire de l’équitation