L’éthologie est une discipline de la zoologie. C’est la science qui étudie le comportement des animaux, y compris l’homme. Le mot éthologie vient du grec Ethos qui signifie moeurs, rites, coutumes et Logos, science. L’éthologie a donc pour vocation de comprendre les animaux en étudiant leurs modes de vie et de communication. L’éthologie s’intéresse à ce qui détermine les comportements d’un point de vue physiologique, psychologique et environnemental. Le comportement est défini par R. Campan1, professeur d’éthologie à l’Université Paul Sabatier de Toulouse et auteur de “Ethologie. Approche systémique du comportement” co-écrit avec Felicita Scapini (2002) “comme étant l’expression dynamique des relations dialectiques permanentes entre un individu et son milieu”.
L’éthologie permet une lecture des comportements comprenant qu’ils sont à la fois une cause et une fonction. Les fondements théoriques de l’éthologie moderne ont été établi par des chercheurs (Nino Tinbergen, Karl Von Frisch et Konrad Lorenz) qui ont reçu, en 1973, pour leur travail sur le comportement animal, le prix Nobel de médecine. L’étude des comportements s’organise autour de quatre grandes questions, posées par Tinbergen en 1963 :
- quelles sont les causes du comportement (pourquoi les animaux répondent-ils de façon particulière aux stimuli du milieu ?)
- Quelle est la valeur de survie du comportement (quelles sont les fonctions de ce comportement, quelle est l’utilité de cette réponse pour l’animal, qu’en retire-t-il ?) ?
- Comment le comportement s’est-il mis en place au cours de l’ontogénèse 2 (pourquoi les animaux ont-ils un type de réponse différent face à une même situation) ?
- Comment le comportement s’est-il mis en place au cours de la phylogénèse 3 (lesanimaux, en fonction des espèces, répondent de manière distincte à un problème de survie) ?
L’éthologie étudie donc les comportements, qui ont longtemps été classés en 4 grands types : taxiques -ou réflexes-, instinctifs et stéréotypés, acquis -ou appris- et intelligents -on parle ici de capacités cognitives-.
L’éthologie peut être descriptive ou expérimentale. De nombreux intervenants en France travaillent dans ce champ. Selon l’Institut Français du Cheval et de l’Equitation, qui a réalisé un dossier sur l’éthologie en août 2015 (dossier documentaire n°8.1), quatre équipes scientifiques travaillent en France sur le cheval sauvage ou domestique : Claudia Feh, Association Takh sur l’étude du cheval de Przewalski – le dernier cheval sauvage – ; l’INRA de Nouzilly sur le tempérament, les apprentissages (apprentissage et stress) et la mémoire ; l’Université de Strasbourg sur la vie en groupe et les réseaux sociaux et l’Université de Rennes I sur les effets des manipulations de la mère sur le comportement du jeune, sur la relation homme-cheval ou encore l’évaluation du bien-être / mal-être entre autres. De nombreuses équipes travaillent également à travers le monde (Etats- Unis, Angleterre, Australie, Suède, Danemark, -liste non exhaustive-) et de nombreuses publications scientifiques sont recensées, principalement en langue anglaise, depuis le milieu des années 70.
Ces travaux et l’impact de ces connaissances sur la relation homme-cheval ont conduit à leur plus large diffusion auprès du public. Parallèlement à ces travaux, on assiste au développement de ce que l’on appelle aujourd’hui “l’équitation éthologique”, qui reste sujet à controverses. “L’équitation éthologique”, dérivée du “natural horsemanship” américain, s’appuie sur les méthodes propres aux individus qui les ont développées et ne fait pas, à l’heure actuelle, l’objet d’un consensus, l’observation du comportement aux fins de dressage du cheval ayant toujours fait partie des préceptes enseignés par les grands maîtres de l’équitation (depuis Xénophon jusqu’aux grands écuyers de l’équitation de tradition française).
Les apports de l’éthologie -branche zoologique de la biologie créée en 1854 par le naturaliste Isidore Geoffroy Saint-Hilaire- reposent sur la constitution d’un solide socle de connaissances fondamentales. Elle donne des clefs, à partir d’une démarche scientifique rigoureuse, sur l’évolution du cheval en tant qu’espèce, sur la répartition de ses activités en milieu naturel (rythmes journaliers, saisonniers, répartition spatiale de ses activités, diversité alimentaire qui caractérise l’espèce, activités des individus). Par ailleurs, le cheval est un animal social, conçu pour vivre en petits groupes dans un espace libre plus ou moins large (en milieu naturel de 0,8 à 200 km2)
Par essence, l’ensemble de ces connaissances permet à toute personne intéressée, de travailler sur le bien-être du cheval en milieu domestique, sur la qualité de la relation homme-cheval (apprentissages, manipulations, gestion des équidés, performance et qualité des actes d’équitation). Les recherches scientifiques publiées et en cours offrent des clefs pour la compréhension de la relation, du tempérament (par ex. eu égard à l’utilisation attendue du cheval), de ses capacités d’apprentissage et mémorielles. L’éthologie équine permet de mieux connaitre, de mieux comprendre et d’observer finement afin de mieux gérer la relation et de mieux s’ajuster, dans une relation inter- espèce où chaque partenaire a un rapport au monde, à l’environnement, une façon de communiquer et des attentes très différentes.
De façon générale et non exhaustive, l’éthologie apporte des éclairages et des connaissances, à partir d’outils et de méthodes scientifiques :
- sur l’espèce (l’organisation d’un troupeau naturel, vie sociale, leadership, socioécologie du troupeau),
- sur les capacités d’apprentissages : apprentissage associatif (conditionnement classique, répondant, pavlovien instrumental opérant, skinnérien), non associatif (habituation, sensibilisation, empreinte), spatial,
- sur les capacités cognitives du cheval (catégorisation, apprendre à apprendre, effet Clever Hans, mémoire, différences interindividuelles en phase d’apprentissage)
- sur son tempérament (à travers des aspects quantifiables des traits de tempérament : peur, grégarité, réactivité vis vis des humains, sensibilité et la mise en place du tempérament dans le jeune âge
- sur ses capacités perceptives (perception visuelle, olfactive, auditive, tactile, gustative)
- sur l’état de bien-être/mal-être chez le cheval (indicateurs comportementaux précis pour une approche mutitfactorielle de l’évaluation de l’état de bien-être/mal-être chez le cheval, en conditions domestiques).
L’éthologie permet de développer des compétences dans le champ de l’observation et de l’analyse du comportement mais surtout de se servir de ces connaissances dans la pratique quotidienne auprès des chevaux (relation homme-cheval, gestion des équidés, adaptation des infrastructures, gestion des risques, …).
Anne Fauvel
Voir bibliographie
- définition : BIOL.,Ensemble des processus qui, chez un organisme animal ou végétal, conduisent de la cellule oeuf à l’adulte reproducteur“ (L’Hér. Génét. 1978). Source : Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales
- définition : BIOL. [P. à ontogénèse] Formation et développement des espèces vivantes au cours des temps. Source : Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales grands maîtres de l’équitation (depuis Xénophon jusqu’aux grands écuyers de l’équitation de tradition française).