Le grand jeu, celui que Kessel nommait “le jeu de roi”, ne soulève plus la poussière de la steppe afghane. Les portes de l’Afghanistan se sont refermées sur des interdits et le bozkachi en fait partie. Et pourtant, le bozkachi était une confrontation nécessaire entre tribus, vallées et régions : un passage obligé pour la reconnaissance d’une aristocratie cavalière qui montrait sa connaissance non pas à travers son courage, aucun homme n’en manquait – mais à travers son immense science dans la préparation des montures qui allaient faire d’eux des centaures et, pour le vainqueur, un héros national.
Origine du Bozkachi
Le bozkachi (du persan: arrache-chèvre) était en fait bien moins un jeu qu’une redoutable épreuve où chaque tchopendoz (cavalier) risquait son prestige, sa fierté, son honneur et la réputation de sa tribu. Et c’est à cheval qu’il défendait ces valeurs essentielles en tentant de s’emparer du boz, cette dépouille de chèvre décapitée et emplie de sable, qu’il devait emporter au fin fond de la steppe pour contourner un mât fiché en terre avant d’entreprendre le chemin du retour vers le hallal, cercle au sol tracé à la chaux, point de départ et d’arrivée de la course.
Le talpali enfoncé jusqu’aux oreilles, la cravache entre les dents, les tchopendoz – ils étaient parfois des centaines – s’élançaient alors pour de longues heures de poursuites dans une folle et sauvage chevauchée où la force, l’endurance et la violence étaient aussi inouïes que les prouesses équestres des tchopendoz et la résistance de leurs montures.
Le Bozkachi aujourd’hui
Du “vrai” bozkachi, il ne nous reste aujourd’hui que la merveilleuse histoire d’Ouroz, fils de Toursène, le héros du roman de Kessel. Le temps ramènera peut-être un jour ce qui ne peut s’éteindre et le hallal verra à nouveau les hordes hurlantes à la poursuite du porteur de bouc.
Pour en savoir plus : un autre référence sur le bozkachi